vendredi, septembre 22, 2006

An untimely death - Samuel Garrigo-Meza





an untimely death

minutes after He
had been pronounced dead

before the full weight of the obituary
had time to sink His shoulders
and cloud His gaze

I called Him up
on the telephone
and invited Him out
for breakfast

had I been aware of His situation
it is unlikely that I would have made the invitation

then again
all those pancakes
and butter
did appear
however slightly
to lift His spirits

Samuel Garrigo Meza vit à Calgary, Alberta. Il fume et ne possède pas d'animaux domestiques. Né au Honduras, SGM aime le lait de coco. En ce moment SGM travaille à la bibliothèque publique de Calgary, et suit quelques cours de philosophie à l'université.

mardi, septembre 19, 2006

Gravol, de Marc Leduc - par Marie-Hélène Cabana

Mon projet: …évoquer l’exposition Gravol de Marc Leduc, Montréal, Galerie Lieu Ouest, 372 Ste-Catherine ouest suite 523 jusqu’au 14 octobre. Je répéterai. C’est un essai:
En prenant la peine d’insérer une lame dans un bout de bois, on finit par attirer un peu l’attention des autres. Peut-être parce qu’il rappelle une volonté de s’inscrire dans un monde plus organique, peut-être parce que l’empâtement et l’accumulation de peinture ne suffisent pas toujours à traduire les influx internes de celui qui fait, ce geste laisse sa profondeur se retourner sur soi et donne envie de poser la main sur les coupures souffrantes, sur le tableau, là où il ne faut pas. Caresser. Apaiser.
J’aurais volé la petite poupée en bois fendue entre les jambes parce qu’elle me rappelait trop de choses. Je l’aurais arrachée du tableau d’où elle sortait de toute façon, comme pour partir. Je l’aurais mise dans ma grosse sacoche qui cache tout et qui rassemble ma vie. Je me serais assise au centre de la pièce avec un café et j’aurais regardé toutes tes œuvres plaquées sur des murs impersonnels. J’aurais performé la patience de regarder toutes les entailles et d’avoir envie de m’y insérer comme si ça pouvait changer quelque chose à ma vie, me cacher un peu. J’aurais eu envie de lire les mots un par un et de percer les jeux et préoccupations ou encore d’absorber l’absence de sens dont les mots sont parfois porteurs. Je les aurais pris comme des couleurs et j’aurais tenté d’oublier que je sais trop bien lire. J’aurais cru toucher une certaine compréhension de la vie, un rapprochement avec l’autre. J’aurais eu l’air †poseuse† et j’aurais aimé ça. Personne ne m’en empêchait finalement. Il y a juste eu comme une urgence de sortir. De respirer l’air plein de pluie. De t’abandonner ou plutôt te quitter pour un moment.
Peut-être que je trouvais juste ça un peu violent et agité et que ça me faisait du bien de voir la violence et l’agitation dans ce que je pourrais nommer mon †amorphitude de jeune femme noire†. être †secouée†. Peut-être que je ne comprends rien à rien non plus et que c’est un geste de tendresse. Peut-être que ça me donnait envie de fuir et de retourner dans la vie au plus vite et que c’est ça qui est intéressant. Peut-être que tu peins pour donner envie de vivre en crachant le glauque. Peut-être pas non plus.
Gravol pour un mal de cœur de je ne sais quoi. Peut-être d’alcool ou peut-être du souvenir de la silhouette qui flotte en transparence dans une de ces images. Peut-être pour oublier le surgissement des mots. Pour barrer la route à ces spasmes primitifs qui protègent la vie en expulsant le mal. Peut-être mon mal de cœur qui rappelle l’odeur de fond de tonne des bars et la lumière qui ne vient jamais tout à fait. Peut-être aussi la maladie qui nous coupe les jambes et rend pittoresques les passages à la salle de bain. Je m’imagine agenouillée. Juste avant l’absorption du cachet. Quand je m’imagine encore que plus rien n’entrera jamais dans mon corps pour y rester.
Tu utilises des teintes sombres dont on sait pas trop si l’obscurité est là ou juste mise en scène pour éviter d’emplir celui qui l’utilise. Gravol, †gravelle†. Il y a la terre aussi qui rappelle qu’on se râpe parfois la face sur le sol. Qu’on aurait envie de se couvrir de boue pour finir l’avilissement ou seulement le montrer à l’extérieur comme on le sent en dedans. C’est peut-être mÍme la merde que tu cherches à montrer, mais je ne laisserai pas ma tête aller là pour aujourd’hui. J’aime l’aspect iconique des petites toiles. J’aime penser à la patience nécessaire pour accomplir. Graver, s’imposer dans la matière. Peindre; cacher quelque chose tout en révélant autre chose.
Peut-être qu’en remplissant tellement l’espace tu cherches juste à nous éviter de chercher. Tu fais juste mettre à jour un débordement qui nous coule un peu tous au coin des lèvres. Mais normalement Gravol apaise tout. Gravol ne m’a pas rendue somnolente cette fois. Gravol sent l’envie de vomir bien sûr, mais aussi un état d’apesanteur entre le bien-être et le regret d’avoir dépassé les règles et limites d’utilisation du corps et de l’esprit qui deviennent engourdis. Gravol implique l’attente et la patience. Il peut aussi les états imprévisibles si pris trop tôt dans le processus de l’alcool ou pris en trop grande quantité. Mais Gravol ne guérit pas seulement. Il ravage le corps pour quelques temps. On n’oublie pas si facilement les états autres…
Il y a seulement quelques jours et je commence à oublier. Pas parce que ça ne me plaît pas. Simplement parce que l’ensemble s’échappe tranquillement dans les jours et est recouvert par toutes les nouvelles données qui attaquent mes yeux qui ne se ferment plus très souvent. Je me rappelle surtout des gestes liés à la production qu’il me semblait nécessaire d’imaginer en regardant le produit fini. Je me rappelle certains bouts d’œuvres qui viennent se plaquer sur l’écran au fond de ma tête et m’accompagnent tout le jour. J’aurai porté tes images dans les rues, comme une présence intériorisée.

Voilà. Juste t’avouer encore une fois: Gravol, Marc Leduc, Montréal, Galerie Lieu Ouest, 372 Ste-Catherine ouest suite 523 jusqu’au 14 octobre.

dimanche, septembre 17, 2006

trouille - gilles rivière


La trouille : peur en ouille qui vous prend là, si vous voyez où.
Démonstration :

Peur en ouille en force majeur, interprétée dans le théâtre des hostilités (là où public ou pas, acteur ou oisif, tu prends) :
Les chefs dépêchent une troupe à tonfa
- Des pas de l'oie au cerveau de troupeau, et que j'te dérouille sévère. Je l'ai dit, nous sommes en ouille -
Sur les boulevards au vent mauvais qu'harpente la patrouille blindée par la grâce de Dieu, de Loi, Calva aussi - touillez, patraques, récré approche, et d'la lyrique, d'la frontale, genre toast à la hussarde! -
Harpies heureuses qu'au charbon
Elle foncent tel bison ardent, furies, et tu pleures.
Face à l'argument, la retraite est forcée, la fin claironnée, et la perpète à Jéricho
- Rase pas les murs, on te les brise par le menu, comme à Berlin, Pinpin, prends un vol et on te dérobe le sol de tes pas, t'es DO au mur, qu'on te dit, toute mesure inutile, impossible que tu défausses, note ! -
Le mec est scié, sait plus à quel saint maux dire, enfer et cupidon, je suis fort fait, le flic m'accule et sa traque se lève, - pour peu qu'on s'affaisse, on est dans la mercredi, et au propre, au popo -
Haut les mimines, vos plats pieds, face contre cratère, vous êtes enfourné ! Plus Kelvin que toi, tu pars en gaz !

Jaugez l'impasse.
L' Histoire jugera : quelles poires ces juges en bottine qui viennent sucrer le pavé, hou les butines !
quand la violence de loi fait l'ordre (et dans le désordre encore que je te le dis)
La logique est plus tendance.
Ils pensent not' réel : on croit rêver.
Voyez comment s'arment ces borgnes
De not' vie ils ne voient que côté obscur
D'où le mur qu'ils nous renvoient, poste restante, impasse partout. Polissés nulle part.
Ils ouvrent l'oeil mais pas le bon,
Celui qui vise et la gâchette sur la paupière qui frétille - comme la queue du chien de chasse
Celui dans la serrure derrière laquelle ils voudraient nous considérer en paix
L'oeil trop con, orphelin d'la dimension, qui pleure des gougouttes sans jumelles (du coup les larmes pleurent?)

Manquerait plus qu'ils nous réclament les manquantes.

2e jour - Cédric Jamet

Note sur l'auteur - Cédric vit à Montréal, et passe son temps à jouer. Un peu à tout (musique, vidéo,…), avec un peu tout le monde, parfois au mépris de toute cohérence. Ce texte est extrait d'un travail en cours depuis 2004, provisoirement intitulé l'ailleurs partout...


tant de choucroute nous dégoûte
y’a plus d’jus dans mon pays planqué
le peuple est mort de sinistrose
ragoûté
les morpions courent
sans façons
les mômes rotent
partout
salopes en vrac
beaufs en gelée
se flagornent plein pif
à la petite semaine
pressés d’en découdre
-« salopard viens-là qu’j’te bute ! »-
aux quatre coins du monde

la cacophonie s’estompe
drapeaux
origamient

des yeux de marbre à grosses veines éblouies
irradient à pleines ondes
sans aucun accord
le sperme des anges

il le fallait
il lui plaisait
de rester sur le carreau
sans plus faire attention aux bras fermes
qui retenaient sa dulcinée
hallucinée

pris soudain d’un violent malaise
il arrête d’un coup au bord du chemin sa défroque de jade
se baisse
la gueule enfarinée
se soulage
à la surprise générale des passants
incrédules
devant tant de
modestie
affliquée

la cacophonie s’estompe
les drapeaux
origamient

relevez les bêches
ahurissez qu’ils disaient aux têtes
baissées d’excès de cuivre

assis sur sa cravache
essoufflé
il en bavait encore
suivant des pistes que seul à voir
il prenait plaisir à embrouiller d’un regard lointain
récitait
affemmé
des phrases sans verbes
noms communs
adjectifs
pour embobiner celle qu’il voulait investir
pitoyable affaire que la diégèse

la cacophonie s’estompe
les drapeaux
origamient

entre deux chaises plus rien à faire
le pouce en l’air entre deux seins en éventail
la monotonie rose bonbon est traversée
restons en là

vendredi, septembre 15, 2006

81 (edit) - Cédric Jamet

LUNA # 3 - par Benjamin Bédu